Le duo Suédois de Joakim et Elin, JJ, est enfin de retour avec un véritable album, V. Jusque là, Elin Kastlander et Joakim Benon s’aventuraient dans des eaux un peu troubles, à base de mixtapes, de singles, d’EPs, mais presque jamais d’albums.
Depuis les débuts en 2009, la route de JJ a été bien longue. Les premières sorties ont été saluées pour leur côté charmant et leur côté scandipop clairement assumé, mais bien vite, le peuple s’est heurté aux limites de JJ. Elin est tout sauf une chanteuse pop, les arrangements étaient tout sauf ambitieux, on a vite eu l’impression que JJ n’aurait pas dû – sauf rares exceptions (Kills, Beautiful Life) – sortir du salon de Elin et Joakim. Les sorties étaient trop irrégulières et finissaient par se ressembler. Et en 2013, jj est devenu JJ, le site internet a été refait, un nouveau titre (“Fågelsågen”) est apparu, un album a été annoncé, un trailer très cinématographique est sorti, un autre titre (“All White Everything”) est apparu puis a été clipé. Tout s’est accéléré. And here we are, finalement, avec V dans les oreilles.
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Finalement, est-ce que V est à la hauteur des attentes générées par autant de changement et d’accélération dans la vie de JJ ? Oui et non. La réponse est facile. V reprend beaucoup d’éléments de leurs deux premiers albums, jj n°2 et jj n°3. L’écoute ne dépayse pas vraiment, on se love à nouveau dans les arrangement avec plaisir. “All White Everything” est probablement le plus exemple de ce que sait faire JJ en matière de dream-pop assez similaire à leurs tentatives précédentes. “Fågelsången” est un autre exemple de cette belle maîtrise, quoique dans un registre un peu moins dépouillé. Cet enrichissement musical est aussi ce qui accroche l’oreille après quelques titres. JJ est connu pour faire de la musique plutôt légère dans les arrangements et dans les structures. V amorce une nouvelle ère. Les arrangements sont plus structurés, les instruments sont plus variés et tirent même vers l’orchestral par moment. L’impression générale est bonne, le travail n’a pas été boudé. “All Ways, Always” en est un superbe exemple. Le titre conclut cet album avec un arrangement et des guitares passées à la distorsion qui fonctionnent très bien avec la voix posée dessus, on ne pouvait en demander plus.
Mais tout n’est tout de même pas rose dans le monde de JJ. Elin n’est pas une chanteuse pop, et sur de la pop, ça jure un peu. Les vocalises a cappella de la fin de “Fågelsången” sont un peu difficiles à l’oreille ou certaines lignes mélodiques luttent un peu à sortir correctement. Au-delà de ça, des influences hip-hop circulent un peu sur V. Ce n’est pas la première fois que JJ s’attaque au hip-hop (cf. leur excellente mixtape Kills en 2010) mais l’essai est moins convaincant cette fois. Les paroles sont beaucoup plus hip-hop que les instrumentations mais le total ne convainc pas outre mesure, surtout avec le sample inséré au début de “Hold Me”. On ne gagne pas à tous les coups.
JJ s’aventure dans beaucoup de directions sur V. Ce n’est finalement pas toujours convaincant mais l’effort est à saluer. L’expérimentation est belle et c’est une bonne chose. JJ a avancé, mûri, grandi et se prépare probablement de belles choses pour la suite. V, au-delà d’être tout de même séduisant, est un album nécessaire à cette suite.
JJ – V
Sortie : 19 août 2014
Label : Sincerly Yours/Secretly Canadian
